top of page

ISEFACTUNEWS

Le blog de L'ISEFAC Bachelor de Nantes.

L'actu sportive en continue, analyses, décryptages, découvertes, portraits.

Chaque semaine découvrez de nouveaux articles rédigés par les étudiants. 

Ça ne part de pas grand-chose pour qu’un sport devienne connu…


Qui de mieux qu’un ancien professionnel pour parler de la situation de son sport ? Découvrez l’interview d’Arnaud Gicquel, 46 ans, entraineur/coordinateur du pôle France et agent d’État détaché auprès de la fédération française de roller et skateboard.


Bonjour Arnaud, pour commencer, pouvez-vous rapidement nous dire quelques mots sur votre carrière ?

Bonjour, ma carrière a commencé à l ’âge de 7 ans et a fini à l’âge de 33 ans. J’ai donc eu une carrière longue qui m’a permis d’être en équipe de France de 1990 à 2005, de devenir quatre fois champion du monde et 40 fois champion d’Europe, ce qui est un record. Pour finir, j’ai également été nommé athlète du centenaire de la fédération.


Vous avez donc un sacré palmarès, avez-vous des regrets concernant votre carrière ?

On peut toujours faire mieux, on peut toujours faire moins bien. J’ai fait beaucoup de places de deuxième sur les championnats du Monde, mais remporté de nombreuses grandes compétitions, comme la Coupe du Monde des marathons. Surtout, j’ai eu la chance de vivre les belles années du Roller ! Notamment celles où il y avait de l’argent grâce aux investissements de marques qui vendaient de grandes quantités de rollers au début des années 2000. Cela permettait de financer la discipline. Donc non je n’ai pas de regret. J’ai fait une bonne carrière et à présent je m’investis d’une autre façon pour mon sport sans penser à mes années d’athlète de haut niveau.


Justement, qu’est-ce qui a fait que le roller est passé un peu en second plan ?

Un phénomène de mode ! C’est cyclique. Beaucoup de monde en faisait dans la rue mais c’est devenu moins tendance par rapport aux trottinettes ou aux skateboards... Mais cela va certainement revenir. En ce moment, nous sommes surtout dans une phase de stabilisation avec une pratique au sein des associations de la Fédération et lors des randonnées en campagne ou urbaines comme on peut voir à Nantes ou à Paris.


On s’aperçoit que dans votre sport il y a beaucoup de spécialités qui ne sont pas claires aux yeux de tous. Pouvez-vous nous éclaircir là-dessus ?

Oui, c’est assez complexe effectivement. On peut le comparer au cyclisme sur piste ou à l’athlétisme. La piste est d’une longueur de 200m qui est légèrement relevée dans les virages. Elle sert aux épreuves de vitesses comme le tournoi de vitesse qui se joue en série ou la poursuite d’un tour. Il y a aussi la distance du 1000m, une épreuve intermédiaire pour à la fois les sprinters et les fondeurs. Par ailleurs, il y a les épreuves de longues distances avec le 10km à points et le 20km à éliminations. Enfin, il existe aussi des épreuves similaires sur route ainsi que l’épreuve très convoitée du Marathon.


Pensez-vous que créer de nouveaux formats de courses pourraient intéresser plus de personnes, voire les médias ?

Cela fait partie des grands débats… Personnellement je ne suis pas persuadé que de nouvelles distances ou format de courses apporteraient plus de visibilité à mon sport. Il est je pense au moins aussi spectaculaire que d’autres disciplines Olympiques…Après il est vrai, qu’actuellement, la tendance va vers des sports « plus fun » comme le skateboard ou le BMX qui sont rentrés récemment aux Jeux Olympiques. Cette vitrine leur permet souvent d’obtenir plus de licenciés. Notre objectif est de devenir un sport olympique mais on ne doit pas attendre que cela pour se développer. Nous avons été plusieurs fois dans la short-list pour rentrer dans les Jeux mais nous n’y sommes pas encore bien que nous respections les pré-requis.


Pourtant, le roller a intégré les Jeux Olympiques de la Jeunesse…

Oui, c’est bien d’y être. Ça peut servir de tremplin et faire la différence. Mais c’est surtout à nous de développer et de faire connaître notre sport ! Après je pense que cela passe beaucoup par la télé, et surtout par les réseaux sociaux maintenant.


Justement, nous allions aborder ce sujet. Est-ce que la diffusion pourrait aider le roller selon vous ?

Bien qu’il y ait eu quelques reportages sur les « Jeux mondiaux », il reste du travail à ce niveau-là. Certains événements attirent les médias comme le marathon de Paris, de Lyon, ou de Rennes... En effet, ce sont des organisations professionnelles qui tiennent la route. Il faut faire des efforts pour ramener les médias, c’est du travail, il y a de la concurrence avec de nombreux sports, mais la Fédération française de Roller Sport se structure en conséquence. Le travail est important au sein d’une Fédération multidisciplinaire comprenant un total de huit disciplines : artistique, acrobatique, course, randonnée, roller hockey, rink hockey, roller derby, skateboard.


L’argent c’est un peu le nerf de la guerre comme on dit !

Oui exactement, et il faut surtout être les plus forts. Pour qu’on s’en sorte, on doit être hyper pro. C’est une compétition entre les sports. Il faut essayer d’être les meilleurs, c’est tout ! Une fois que je dis ça, je sais bien que dans la pratique tout est plus compliqué et qu’il faut être humble dans ce domaine…mais on finit par gagner en notoriété.


Pensez-vous que mettre un athlète en avant comme Kevin Mayer pour le décathlon pourrait dépoussiérer le roller ?

Exactement ! Je me suis déjà posé ce genre de réflexion. Pour se faire connaître, les sports ont deux possibilités, soit par des gros événements comme le Tour de France, soit par une personne qui sort du lot comme Martin Fourcade. Ça pourrait donc être un axe pour nous, mais pour ça il faut trouver les moyens de se structurer en conséquence. Dans ce domaine, le travail d’un attaché de presse me parait hyper important. Les médias ne vont pas venir à nous…c’est à nous d’aller vers eux.


Et du coup le développement d’événements peut également être une solution ?

Oui cela pourrait être le cas. Par exemple, on observe que la personne qui a racheté les droits des « 24h roller du Mans », vend le concept partout dans le monde. Je pense qu’il faut essayer de soutenir les gros événements existants et encourager ceux qui veulent en créer de nouveaux. Pour qu’on se développe, il nous faut des personnes qui en fassent leur métier et un business… Sans oublier que d’un autre côté, rien ne peut se faire sans les bénévoles des associations ! Nous avons la chance d’être un sport qui peut accueillir des manifestations de type marathon dans le centre des grandes villes et c’est un moyen idéal pour se faire connaître en allant vers le public.


Est-ce que quelqu’un qui n’est pas issue de votre sport pourrait amener ce nouveau visage ?

Oui, c’est intéressant la vision extérieure, c’est même hyper important… En revanche pour tout ce qui est technique, nous avons besoin de nous appuyer sur des personnes qui connaissent la discipline. (…) Souvent ça ne part de pas grand-chose pour qu’un sport devienne connu. Il suffit d’une personne qui crée une dynamique, qui sait diriger les gens autour de lui, pour motiver… 

L’organisation d’événements roller a été pendant 10 ans mon métier… C’est quelque chose qui me manque, mais pour l’instant je suis concentré et motivé sur mon travail actuel en tant que coordonnateur du Pôle France de Nantes (Un des deux centres d’entraînements nationaux de la FFRS).


Pour ce qui est de la notoriété, vous diriez que celle-ci est en déclin ou pas ?

C’est clairement en déclin par rapport au moment où j’y étais. J’ai eu la chance de vivre des choses vraiment sympas au sein de l’équipe Rollerblade, comme les réunions de bilan dans le château Benetton en Italie. Maintenant, c’est en phase de stabilisation je dirais. Cependant, au niveau mondial, il y a des pays où ça se développe vraiment bien. En Afrique, il y a pas mal de pays qui se structurent tout comme en Asie avec notamment la Chine. Pareil pour l’Amérique du Sud avec l’argentine qui organise de beaux marathons qui attirent de nombreux patineurs. C’est le point positif, il y a vraiment une internationalisation, là où en Europe, on est en période de stagnation.


Qu’est ce qui fait que le roller est rentré dans cette période de stagnation ?

La pratique loisirs a baissé et on se retrouve avec moins d’épreuves de masse qu’auparavant. La structuration des manifestions de rollers ne permet que rarement aux patineurs loisirs de participer et l’offre devient vite élitiste. Pour la compétition sur piste, c’est un sport où il faut commencer très jeune. Les patineurs de l’équipe de France ont débuté en moyenne à quatre an et demi. On peut évidemment commencer le roller loisir à tout âge mais comme je l’ai dit précédemment, il manque des courses grand public comme en course à pied. Par exemple, le Roller marathon de Paris, Rennes sur roulettes ou les 24H du Mans répondent à cette demande de pratique accessible.


Vous venez de citer les médias, justement comment le roller est-il perçu par les médias dans le reste du monde ?

Je ne sais pas trop comment ça se passe dans tous les pays mais en Colombie c’est quand même une particularité. Ils ont énormément de patineurs, c’est la nation numéro un et de loin. Sur les championnats du monde, ce sont les seuls qui ont des journalistes et qui retransmettent toutes les courses en direct. Ils ont su créer un engouement auprès des patineurs champions du monde. Et aujourd’hui, c’est toujours le cas.


Pour conclure cette interview, nous allons revenir à l’échelle Française et vous demandez ce que vous pourriez dire face à un groupe de jeunes étudiants de l’Isefac pour qu’ils s’intéressent au roller ?

Dans un premier temps que le roller est un sport intensif et original avec des jeunes qui sont vraiment engagés. Dans un second temps que dans ce sport il y a des choses à faire… Notamment dans votre cas où vous travaillez sur la communication.


Merci beaucoup Arnaud pour votre temps et vos réponses.


*Arnaud Gicquel a initié la French Inline Cup :


La French Inline Cup est un circuit de marathons roller qui a fait office de Coupe de France de 2001 à 2011.

Chaque patineur récolte des points en fonction de son classement sur chacune des courses. A l'issue de la saison, le vainqueur est désigné en fonction du total de ses points sur l'ensemble des différentes étapes.

Selon le nombre d'étapes organisées chaque année, on ne gardait que les meilleures d'entre elles. La French Inline Cup proposait des  courses pour les catégories Elite et National, mais aussi pour les patineurs loisirs avec les courses open. Des formats étaient également prévus pour les plus jeunes ou pour le grand public.

Il était également fréquent de voir se mettre en place des animations autour des différentes pratiques du roller lors des French Inline Cup. On pense notamment à l'Ecole du Roller Français de la FFRS qui installait son aire gonflable d'étape en étape.



Quentin Le Moel & Jasper Van Haaften

26 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page